Il était une fois, (épisode 5), un jour, en psychiatrie, Marine est partie.
La petite Marine avait une dizaine d'années, de longs cheveux noirs, une dizaine de peluches qu'elle serrait toujours contre elle avec force sans jamais les quitter, et une maladie de l'hypophyse qui provoquait chez elle une myriade de troubles sévères et très divers.
C'était ses graves troubles du comportement associés qui ne lui permettaient plus de sortir de l'unité de crise du service de pédopsychiatrie.
Sa gentillesse était profonde et sa tristesse immense.
En effet elle était victime de terribles et soudains accès de colère, associés à une grande violence, qu'elle ne contrôlait pas et qui nous déstabilisaient.
Pas un soignant ni aucun autre jeune patient n'avait pu éviter d'être au moins une fois agressé. Morsures, coups de poings, crachats, strangulations ou autres coups de fourchettes d'une violence rare étaient quotidiens, souvent imprévisibles et inévitables.
Toutes les réponses que nous proposions, de l'isolement à de puissants traitements médicamenteux, de la contention à l'accompagnement continu, n'avaient eu aucun effet sur ses troubles.
Après des mois d'hospitalisation, elle était toujours inaccessible et des plus dangereuse. Nous ne pouvions lui raconter une histoire le soir, dans un moment d'apaisement, sans risquer une soudaine tentative d'étranglement de sa part, comme si elle voulait nous tuer, de façon tout à fait incompréhensible…
Seule sa petite taille et sa faible force nous sauvait.
Sa maladie était la plus forte.
Marine le savait et en pleurait plusieurs fois par jour, avant de nous agresser à nouveau, hors d'elle.
Toujours accompagnée de ses peluches, les seules qui semblaient en mesure de la rassurer…
J'avais peur d'elle et du futur. Du sien, du notre.
Je ne savais pas comment me positionner devant cette enfant si impulsive et devant cette maladie et ses symptômes que nous ne maîtrisions pas…
Chaque jour à ses côtés était un jour agité et nous étions tous désemparés.
Et épuisés.
Que faire quand il n'y a plus rien à faire pour sauver quelqu'un?
Et puis j'ai vu Germaine dessiner sur les murs.
Germaine travaillait dans ce service de crise depuis bien plus longtemps que moi. Et curieusement elle semblait bien moins fatiguée que le jeune soignant que j'étais à l'époque… Quel était son secret?
Avec des kilomètres de grandes feuilles à dessins scotchées sur les murs et des litres d'encre et de peinture, elle occupait Marine et les autres enfants.
Mais surtout Marine.
Sans s'offusquer des centaines d'insultes et des coups qu'elle recevait, Germaine restait vigilante mais aussi attentive et attentionnée. Malgré les tempêtes, elle continuait jour après jour son doux accompagnement, autour de ses doux dessins, racontant de douces histoires de sa douce voix.
Pour apaiser tant que possible.
Germaine et ses dessins n'avaient rien changé aux troubles de Marine. Rien je pense.
Mais cela avait changé beaucoup d'autres choses dans le quotidien de la petite patiente.
Et puis un jour Marine est partie.
En y repensant, ce dont je me souviens, et c'est ce qui me semble être le plus important, c'est qu'avant son départ, grâce à la douceur de Germaine, Marine avait pu offrir des dessins à ses peluches.
———————
(Évidemment toute ressemblance…!!!)
La petite Marine avait une dizaine d'années, de longs cheveux noirs, une dizaine de peluches qu'elle serrait toujours contre elle avec force sans jamais les quitter, et une maladie de l'hypophyse qui provoquait chez elle une myriade de troubles sévères et très divers.
C'était ses graves troubles du comportement associés qui ne lui permettaient plus de sortir de l'unité de crise du service de pédopsychiatrie.
Sa gentillesse était profonde et sa tristesse immense.
En effet elle était victime de terribles et soudains accès de colère, associés à une grande violence, qu'elle ne contrôlait pas et qui nous déstabilisaient.
Pas un soignant ni aucun autre jeune patient n'avait pu éviter d'être au moins une fois agressé. Morsures, coups de poings, crachats, strangulations ou autres coups de fourchettes d'une violence rare étaient quotidiens, souvent imprévisibles et inévitables.
Toutes les réponses que nous proposions, de l'isolement à de puissants traitements médicamenteux, de la contention à l'accompagnement continu, n'avaient eu aucun effet sur ses troubles.
Après des mois d'hospitalisation, elle était toujours inaccessible et des plus dangereuse. Nous ne pouvions lui raconter une histoire le soir, dans un moment d'apaisement, sans risquer une soudaine tentative d'étranglement de sa part, comme si elle voulait nous tuer, de façon tout à fait incompréhensible…
Seule sa petite taille et sa faible force nous sauvait.
Sa maladie était la plus forte.
Marine le savait et en pleurait plusieurs fois par jour, avant de nous agresser à nouveau, hors d'elle.
Toujours accompagnée de ses peluches, les seules qui semblaient en mesure de la rassurer…
J'avais peur d'elle et du futur. Du sien, du notre.
Je ne savais pas comment me positionner devant cette enfant si impulsive et devant cette maladie et ses symptômes que nous ne maîtrisions pas…
Chaque jour à ses côtés était un jour agité et nous étions tous désemparés.
Et épuisés.
Que faire quand il n'y a plus rien à faire pour sauver quelqu'un?
Et puis j'ai vu Germaine dessiner sur les murs.
Germaine travaillait dans ce service de crise depuis bien plus longtemps que moi. Et curieusement elle semblait bien moins fatiguée que le jeune soignant que j'étais à l'époque… Quel était son secret?
Avec des kilomètres de grandes feuilles à dessins scotchées sur les murs et des litres d'encre et de peinture, elle occupait Marine et les autres enfants.
Mais surtout Marine.
Sans s'offusquer des centaines d'insultes et des coups qu'elle recevait, Germaine restait vigilante mais aussi attentive et attentionnée. Malgré les tempêtes, elle continuait jour après jour son doux accompagnement, autour de ses doux dessins, racontant de douces histoires de sa douce voix.
Pour apaiser tant que possible.
Germaine et ses dessins n'avaient rien changé aux troubles de Marine. Rien je pense.
Mais cela avait changé beaucoup d'autres choses dans le quotidien de la petite patiente.
Et puis un jour Marine est partie.
En y repensant, ce dont je me souviens, et c'est ce qui me semble être le plus important, c'est qu'avant son départ, grâce à la douceur de Germaine, Marine avait pu offrir des dessins à ses peluches.
———————
(Évidemment toute ressemblance…!!!)
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